Contactez-nousPremium

Zoom...

Zoom...

Commissions interdites : quelles alternatives pour les agents sportifs ?

Par un juriste spécialisé en droit du sport

Depuis l’entrée en vigueur des FIFA Football Agent Regulations (FFAR) en janvier 2023, les commissions perçues par les agents sportifs sont strictement encadrées. Les plafonnements imposés – notamment 3 % du salaire brut du joueur ou 10 % du montant total versé par le club – ainsi que l’interdiction de tout paiement en cas de contrat signé par un joueur mineur, ont profondément modifié les pratiques du marché. Ces règles, bien qu’animées par une volonté de moralisation, posent des difficultés concrètes pour les professionnels. Alors, quelles alternatives légales existent pour préserver la viabilité économique de l’activité d’agent sportif ?

1. Le mandat élargi : valoriser les missions périphériques

L’interdiction de certaines commissions sur les contrats sportifs n’interdit pas à l’agent de proposer des prestations complémentaires. Un mandat de conseil stratégique (hors négociation contractuelle) peut inclure :

  • Accompagnement dans les relations presse ou image,

  • Conseil en mobilité internationale,

  • Veille réglementaire et contractuelle,

  • Gestion du planning sportif ou hors-terrain.

Ces prestations, juridiquement distinctes du mandat de représentation sportive, peuvent faire l’objet d’une facturation forfaitaire ou mensuelle, à condition que leur nature et leur périmètre soient clairement définis et contractuellement encadrés.

2. La structuration sous forme d’agence de conseil multidisciplinaire

L’agent sportif peut également exercer à travers une structure juridique distincte (type SASU ou SARL), intégrant des experts pluridisciplinaires : avocats partenaires, conseillers en image, préparateurs mentaux. Cela permet de dissocier les honoraires liés au contrat sportif des autres services proposés à l’athlète.

Exemple : un contrat peut prévoir que le joueur rémunère directement l’agent pour le mandat sportif, tandis qu’il contracte avec l’agence pour un accompagnement global annuel (développement personnel, mobilité, image, investissements).

3. Le recours au club employeur comme payeur (légalement autorisé)

Dans certaines situations, le club peut rémunérer l’agent du joueur (plafonné à 3 % du salaire brut), sous réserve du consentement écrit du joueur. Ce mécanisme, bien encadré, reste une option pour éviter les contentieux entre agent et joueur. Il doit toutefois être déclaré à la FIFA et à la fédération nationale.

4. Les clauses de success fee post-carrière

Les agents peuvent aussi anticiper l’interdiction de rémunération sur contrat mineur en intégrant des clauses de rémunération différée, une fois le joueur devenu majeur. Ces clauses doivent cependant éviter tout contournement manifeste des interdictions, sous peine de nullité et de sanctions disciplinaires.

5. La formation continue et la reconversion comme opportunité

Enfin, certains agents réorientent partiellement leur activité vers la formation des futurs agents, la conseil aux familles, ou le mentorat sportif, permettant ainsi de sécuriser un revenu complémentaire légal sans enfreindre le cadre déontologique du mandat d’agent.

Conclusion

Face à l’encadrement de plus en plus strict des commissions dans le sport professionnel, les agents doivent faire preuve de créativité juridique et de rigueur contractuelle. Les alternatives existent, mais elles exigent une parfaite maîtrise des textes, une transparence totale avec les clients, et une anticipation des contrôles fédéraux. Plus que jamais, l’éthique et la compétence juridique deviennent des leviers stratégiques de légitimité et de pérennité pour la profession.